Page:Gautier - Zigzags.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 293 —

maisons ; le clocher de S. Moisè, l’aiguille rouge de San-Francisco della Vigna, les deux tourelles de San-Jona semblent se hausser pour vous atteindre. Plus loin, la Dogana avance sa pointe ; S.-Giorgo, toute fière de son église de Palladio, de son dôme et de sa tour ; se découpe riante et verte dans un archipel de petites îles. Vous voyez les prames, les polacres, les brigantins qui font quarantaine à S. Servolo, ou qui voguent à pleines voiles sur le grand bassin ; les canaux intérieurs, dont vous ne pouvez apercevoir l’eau, coupent de sillons profonds les masses d’architecture groupées aux pieds du Campanile ; du reste, ce tableau est muet. Cette rumeur sourde, ce vagissement d’une grande ville, qu’on entend des tours de Notre-Dame ou du dôme de Saint-Paul, ne frappent pas votre oreille : aucun bruit ne se fait entendre ; Venise en plein jour est plus silencieuse que les autres capitales dans la nuit. Cela tient à l’absence des chevaux et des voitures. Un cheval est un phénomène à Venise. Aussi Byron et ses chevaux, qu’il domptait au