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Qui n’a pas vu un baby anglais ne sait pas ce que c’est que la beauté de l’enfance. La pâle Albion est la corbeille où s’épanouissent le plus heureusement ces jolies fleurs de chair humaine qu’on appelle Arthur, Bobsy, Mary, Harriet, et autres noms charmants oubliés par les botanistes, qui se figurent que toutes les roses poussent dans les jardins, et s’obtiennent par des greffes sur les églantiers.

On se rappelle le portrait du jeune Lambton, de Lawrence, qui, envoyé à l’exposition du Louvre, à Paris, produisit, il y a quelques années, une si prodigieuse sensation : cette carnation de camélia, ces cheveux si soyeux et si brillants, ce regard nacré si sombre et si clair qu’il faisait penser au regard de Byron enfant, cette précoce rêverie, étonnèrent beaucoup les Parisiens, qui crurent avoir devant les yeux une création due à la fantaisie d’un pinceau poétique. L’idéal n’était qu’un portrait ressemblant, car ce type est fréquent en Angleterre, où l’élève des enfants est entendue d’une manière merveilleuse. Bakwell, le Prométhée des bes-