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neuve autrefois. Les grisettes et les ouvrières sont fraîches et propres, malgré la simplicité de leur mise ; à Londres, ce n’est pas cela : tout le monde porte un habit noir à queue de morue, un pantalon à sous-pieds et un qui capit ille facit, même le misérable qui ouvre la portière des voitures de place.

Les femmes ont toutes un chapeau et une robe de dame, de sorte qu’au premier coup d’œil on croit voir des gens d’une classe supérieure tombés dans la détresse, soit par inconduite, soit par revers de fortune. Cela vient de ce que le peuple de Londres s’habille à la friperie ; et de dégradation en dégradation, l’habit du gentleman finit par figurer sur le dos du récureur d’égout, et le chapeau de satin de la duchesse sur la nuque d’une ignoble servante ; même dans Saint-Gilles, dans ce triste quartier des Irlandais, qui surpasse en pauvreté tout ce qu’on peut imaginer d’horrible et de sale, on voit des chapeaux et des habits noirs, portés le plus souvent sans chemise, et boutonnés sur la peau qui apparaît à travers