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Le portrait de la reine Victoria rayonne sous toutes les formes possibles à toutes les devantures : tantôt elle est revêtue de ses habits royaux, couronne de diamants et manteau de velours, tantôt en simple jeune femme, une rose dans les cheveux, seule ou accompagnée du prince Albert ; une gravure les montre côte à côte dans le même tilbury, et se souriant de l’air le plus conjugal du monde. Je ne crois pas exagérer en disant que le portrait de la reine Victoria est au moins aussi commun en Angleterre que le portrait de Napoléon en France. Le petit prince est aussi fréquemment portraituré, et chez les marchands de jouets d’enfants il y a des espèces de pêches de cire qu’on appelle fruits de Windsor, et qui en s’ouvrant laissent voir couché dans ses langes un marmot abondamment fardé de laque, qui a la prétention assez mal fondée de représenter le prince de Galles. — Il faut dire aussi que si les portraits adonisés, flattés, embellis, caressés amoureusement par un burin courtisan, sont en majorité, il ne manque pas non plus de grossières