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dans la diligence, sous la forme de quatre Anglais, entourés, bastionnés de toutes sortes d’ustensiles confortables, et ne sachant pas un mot de français : mon voyage commençait tout de suite. À Boulogne, qui est une ville complétement anglaisée, je fus réduit à une pantomime touchante pour exprimer que j’avais faim et sommeil, et que je voulais un souper et un lit ; enfin l’on alla chercher un drogman qui traduisit mes demandes, et je parvins à manger et à dormir. On n’entend à Boulogne que l’anglais ; je ne sais pas si le français, par compensation, est l’idiome dont se servent les habitans de Douvres, mais je n’en crois rien. — C’est une remarque que j’ai déjà faite sur plusieurs de nos frontières, que cet envahissement des coutumes et du langage des pays voisins. L’espèce de demi-teinte qui sépare les peuples, sur la carte et dans la réalité, est fondue plutôt du côté de la France que du royaume limitrophe. Ainsi, tout le littoral qui regarde la Manche est anglais ; l’Alsace est allemande par les bords, la Flandre est belge, la Provence