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ou Mazulipatnam. J’avais gardé à cause de ce dessin fallacieux une idée très-noire d’Anvers, et rien ne me surprit davantage que d’y voir clair, même la nuit, grâce au Christs-lanternophores. Rien n’est moins bitumineux, moyen âge et fouillis que la ville d’Anvers ; pas le moindre ruisseau stagnant, pas la moindre rue dépavée, rien enfin de ce pêle-mêle pittoresque qui fait de Rouen une si charmante ville pour les artistes. Ysabey, Poitevin et autres seigneurs de la peinture ficelée, chiquée et culottée (pardon du mot), ne trouveraient pas le plus léger sujet de croquis à Anvers ; tout y est large, vaste, bien aéré, d’une propreté fabuleuse ; tout y est peint à trois couches, même la cathédrale, qui est enluminée d’un pistache assez facétieux.

Nous descendîmes sur la place Verte dans le dessein louable de dîner très-bien ; ce à quoi nous ne réussîmes qu’imparfaitement ; mais Dieu, qui ne regarde que l’intention, nous pardonnera, je l’espère. On nous avait indiqué l’hôtel de l’Union comme un endroit où l’on pouvait vaquer agréablement à la réparation de