un habit tout neuf, se prélassait sur son cheval sans rien faire, et dans un endroit de la place où il n’y avait pas de danger. Pintura ! pintura ! lui cria la foule qui s’aperçut de son manège.
Souvent le taureau est si lâche que les banderillas de fuego ne suffisent pas encore. Il retourne à sa querencia et ne veut pas entrer. Les cris : Perros ! perros ! recommencent. Alors, sur le signe de l’alcade, messieurs les chiens sont introduits. Ce sont d’admirables bêtes, d’une pureté de race et d’une beauté extraordinaires ; ils vont droit au taureau, qui en jette bien une demi-douzaine en l’air, mais qui ne peut empêcher qu’un ou deux des plus forts et des plus courageux ne finissent par lui saisir l’oreille. Une fois qu’ils ont pris, ils sont comme des sangsues ; on les retournerait plutôt que de les faire lâcher. Le taureau secoue la tête, les cogne contre les barrières : rien n’y fait. Quand cela a duré quelque temps, l’espada ou le cachetero enfonce une épée dans le flanc de la victime, qui chancelle, ploie les genoux et tombe à terre, où on l’achève. On emploie aussi quelquefois une espèce d’instrument appelé media luna (demi-lune), qui lui coupe les jarrets de derrière et le rend incapable de toute résistance ; alors ce n’est plus un combat, mais une boucherie dégoûtante. Il arrive souvent que le matador manque son coup : l’épée rencontre un os et rejaillit, ou bien elle pénètre dans le gosier et fait vomir au taureau le sang à gros bouillons, ce qui est une faute grave selon les lois de la tauromaquia. Si au second coup la bête n’est pas achevée, l’espada est couvert de huées, de sifflets et d’injures, car le public espagnol est impartial ; il applaudit le taureau et l’homme selon leurs mérites réciproques. Si le taureau éventre un cheval et renverse un homme : Bravo toro ! si c’est l’homme qui blesse le taureau : Bravo torero ! mais il ne souffre la lâcheté ni dans l’homme ni dans la bête. Un pauvre diable, qui n’osait pas aller poser les banderilleras à un taureau extrêmement féroce, excita un tel tumulte