fraîcheur du lieu, aux idées méridionales et torrides. L’eau jaillit de toutes parts, sous le tronc des arbres, à travers les fentes des vieux murs. Plus il fait chaud, plus les sources sont abondantes, car c’est la neige qui les alimente. Ce mélange d’eau, de neige et de feu, fait de Grenade un climat sans pareil au monde, un véritable paradis terrestre, et, sans que nous soyons More, l’on peut, lorsque nous avons l’air absorbé dans une mélancolie profonde, nous appliquer le dicton arabe : Il pense à Grenade.
Au bout du chemin, qui ne cesse de monter, on rencontre une grande fontaine monumentale qui forme épaulement, dédiée à l’empereur Charles-Quint, avec forces devises, blasons, victoires, aigles impériales, médaillons mythologiques, dans le goût romain allemand, d’une richesse lourde et puissante. Deux écussons aux armes de la maison de Mondejar indiquent que don Luis de Mendoza, marquis de ce titre, a élevé ce monument en l’honneur du César à barbe rousse. Cette fontaine, solidement maçonnée, soutient les terres de la rampe qui conduit à la porte du Jugement, par laquelle on entre dans l’Alhambra proprement dit.
La porte du Jugement a été bâtie par le roi Yusef Abul Hagiag, vers l’an 1348 de Jésus-Christ : ce nom lui vient de l’habitude où sont les musulmans de rendre la justice sur le seuil de leurs palais ; ce qui a l’avantage d’être fort majestueux et de ne laisser pénétrer personne dans les cours intérieures ; car la maxime de M. Royer-Collard : « La vie privée doit être murée, » avait été inventée depuis bien des siècles par l’Orient, cette terre du soleil, d’où vient toute lumière et toute sagesse.
Le nom de tour serait plus justement appliqué que celui de porte à la construction du roi more Yusef Abul Hagiag, car c’est réellement une grosse tour carrée, assez haute, et percée d’un grand arc évidé en forme de cœur, à qui les hiéroglyphes de la clef et de la main gravés en creux sur