de Tolède, ne voulant pas laisser tomber en désuétude un usage si mémorable, fonda une chapelle mozarabe dans la cathédrale, fit traduire et imprimer en lettres vulgaires les rituels qui étaient en caractères gothiques, et institua des prêtres spécialement chargés de dire cet office.
La chapelle mozarabe, qui subsiste encore aujourd’hui, est ornée de fresques gothiques du plus haut intérêt : elles ont pour sujet des combats entre les Tolédans et les Mores ; la conservation en est parfaite, les couleurs sont vives, comme si la peinture était achevée de la veille, l’archéologue y trouverait mille renseignements curieux d’armes, de costumes, d’équipement et d’architecture, car la fresque principale représente une vue de l’ancienne Tolède, qui a dû être d’une grande exactitude. Dans les fresques latérales sont peints avec beaucoup de détails les vaisseaux qui apportèrent les Arabes en Espagne ; un homme du métier pourrait en tirer d’utiles renseignements pour l’histoire si embrouillée de la marine au moyen âge. Le blason de Tolède, cinq étoiles de sable sur champ d’argent, est répété en plusieurs endroits de cette chapelle à voûte surbaissée, fermée à la mode espagnole par une grille d’un beau travail.
La chapelle de la Vierge, entièrement revêtue de porphyre, de jaspe, de brèches jaunes et violettes d’un poli admirable, est d’une richesse qui dépasse les splendeurs des Mille et une Nuits ; on y conserve beaucoup de reliques, entre autres une châsse donnée par saint Louis, et qui renferme un morceau de la vraie croix.
Pour reprendre haleine, nous allons, s’il vous plaît, faire un tour dans le cloître, qui encadre d’arcades élégantes et sévères de belles masses de verdure auxquelles l’ombre de l’église conserve de la fraîcheur, malgré l’ardeur dévorante de la saison ; tous les murs de ce cloître sont couverts d’immenses fresques, dans le goût de Vanloo, d’un peintre nommé Bayeu. Ces compositions, d’un arrangement facile et d’un coloris agréable, ne sont pas en