colonnes pœstumniennes et de lions en perruque d’un goût fort abominable : je doute qu’on puisse faire de bonnes lois dans une architecture pareille. En face de la chambre des cortès s’élève au milieu de la place une statue en bronze de Miguel Cervantes ; il est louable sans doute d’élever une statue à l’immortel auteur du Don Quichotte, mais on aurait bien dû la faire meilleure.
Le monument aux victimes du Dos de Mayo est situé sur le Prado, non loin du musée de peinture ; en l’apercevant, je me suis cru un instant transporté sur la place de la Concorde à Paris, et je vis, comme dans un mirage fantastique, le vénérable obélisque de Luxor, que jusqu’à présent je n’avais jamais soupçonné de vagabondage ; c’est une espèce de cippe en granit gris, surmonté d’un obélisque de granit rougeâtre assez semblable de ton à celui de l’aiguille égyptienne ; l’effet est assez beau et ne manque pas d’une certaine gravité funèbre. Il est à regretter que l’obélisque ne soit pas d’un seul morceau ; des inscriptions en l’honneur des victimes sont gravées en lettres d’or sur les côtés du socle. Le Dos de Mayo est un épisode héroïque et glorieux, dont les Espagnols abusent légèrement ; on ne voit partout que des gravures et des tableaux sur ce sujet. Vous n’avez pas de peine à croire que nous n’y sommes pas représentés en beau : on nous a faits aussi affreux que des Prussiens du Cirque olympique.
L’Armeria ne répond pas à l’idée que l’on s’en fait. Le musée d’artillerie de Paris est incomparablement plus riche et plus complet. Il y a peu d’armures entières et d’un assemblage authentique à l’Armeria de Madrid. Des casques d’une époque antérieure et postérieure sont placés sur des cuirasses d’un style différent. On donne pour raison de ce désordre que, lors de l’invasion des Français, on cacha dans les greniers toutes ces curieuses reliques, et que là, elles se confondirent et se mêlèrent sans qu’il ait été possible ensuite de les réunir et de les remonter avec certitude. Ainsi il ne faut en aucune façon se fier aux indi-