— « Que voulez-vous que je fasse de la vie ? Je vous aime. »
— « Eh bien tu seras satisfait, tu mourras, répondit Cléopâtre : tu as fait un rêve étrange, extravagant : tes désirs ont dépassé en imagination un seuil infranchissable, — tu pensais que tu étais César ou Marc-Antoine, tu aimais la reine ! À certaines heures de délire, tu as pu croire qu’à la suite de circonstances qui n’arrivent qu’une fois tous les mille ans, Cléopâtre un jour t’aimerait. Eh bien ! ce que tu croyais impossible va s’accomplir, je vais faire une réalité de ton rêve ; cela me plaît, une fois, de combler une espérance folle. Je veux t’inonder de splendeurs, de rayons et d’éclairs ; je veux que ta fortune ait des éblouissements. Tu étais en bas de la roue, je vais te mettre en haut, brusquement, subitement, sans transition. Je te prends dans le néant, je fais de toi l’égal d’un dieu, et je te replonge dans le néant : c’est tout ; mais ne viens pas m’appeler cruelle, implorer ma pitié, ne vas pas faiblir quand l’heure arrivera. Je suis bonne, je me prête à