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l’aboyant Anubis et couvrir la trompette romaine des sons aigres du sistre égyptien. Elle voulait planter sur le Capitole ses tentes au milieu des images et des trophées de Marius ! » Enfin le monstre était mort. Il fallait boire, danser, offrir des mets aux dieux !

Et c’était une femme, une petite femme qui avait fait trembler le sénat et le peuple romain. Quand nous disons qu’elle était petite, nous n’en savons rien. Nous l’imaginons sur quelques vagues indices. Pour échapper aux embûches de l’eunuque Pothin, elle se fit porter à César dans un sac. C’était un de ces grands sacs d’étoffe grossière, teints de plusieurs couleurs, qui servaient aux voyageurs à serrer les matelas et les couvertures. Elle en sortit aux yeux du Romain charmé. Il nous semble qu’étant mince et de petite taille, elle avait meilleure grâce, et qu’une stature de déesse n’est pas ce qu’il faut pour plaire au sortir d’un sac. Nous n’avons point de portrait authentique de Cléopâtre et le visage de la reine n’a pas laissé le moindre reflet sur cette vaste terre où il causa tant de deuils et de malheurs. Cléopâtre est représentée plusieurs fois, il est vrai, avec son