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plus malheureuse des reines, que l’on prenait à tâche de la contrarier, que la vie lui était insupportable ; grandes doléances qui touchaient assez peu Charmion, quoiqu’elle fît mine d’y compatir.

Laissons un peu Cléopâtre chercher le sommeil qui la fuit et promener ses conjectures sur tous les grands de la cour ; revenons à Meïamoun : plus adroit que Phrehipephbour, le chef des rameurs, nous parviendrons bien à le trouver. Effrayé de sa propre hardiesse, Meïamoun s’était jeté dans le Nil, et avait gagné à la nage le petit bois de palmiers-doums avant que Phrehipephbour eût lancé les deux barques à sa poursuite. Lorsqu’il eût repris haleine et repoussé derrière ses oreilles ses longs cheveux noirs trempés de l’écume du fleuve, il se sentit plus à l’aise et plus calme. Cléopâtre avait quelque chose qui venait de lui. Un rapport existait entre eux maintenant ; Cléopâtre pensait à lui, Meïamoun. Peut-être était-ce une pensée de courroux, mais au moins il était parvenu à faire naître en elle un mouvement quelconque,