prouvé, et l’aventure d’Hérode a tout l’air, notamment, d’un conte de Flavius Josèphe. Cléopâtre était une femme dangereuse. Et l’on peut penser d’elle ce que pensait le vieux professeur de Henri Heine. « Mon vieux professeur, disait Henri Heine, n’aimait pas Cléopâtre ; il nous faisait expressément observer qu’en se livrant à cette femme, Antoine ruina toute sa carrière publique, s’attira des désagréments privés et finit par tomber dans le malheur. » Rien n’est plus vrai. Elle a perdu Antoine et contribué peut-être à la perte de César, et le vieux professeur parlait d’or. Ce n’est peut-être pas assez toutefois pour l’appeler, comme Properce, la reine courtisane, meretrix regina. Ces Romains haïssaient l’Égyptienne ; elle leur avait fait peur. Horace et Properce avouent que Rome tremblait avant la journée d’Actium. Cléopâtre morte, il y eut de grandes réjouissances dans la Ville Éternelle. « C’est maintenant qu’il faut boire ! Il n’était pas permis de tirer le cécube du cellier des aïeux, quand une reine préparait au Capitole des ruines insensées et des funérailles à l’empire. Elle osait opposer à notre Jupiter le museau de chien de
Page:Gautier - Une nuit de Cléopatre.djvu/7
Cette page a été validée par deux contributeurs.