plus encore des Athéniens. Après la victoire de Philippes, il posa sa propre cuirasse sur le cadavre sanglant de Brutus, afin d’honorer en soldat les funérailles du vaincu. Quand, dans les jours sombres, Æhnobarbus, son vieux compagnon, l’abandonna la veille de la bataille, pour passer à Octave, il renvoya à celui qui avait été si longtemps son ami ses équipages et tout ce qui lui appartenait, et l’on dit qu’accablé par cette générosité Æhnobarbus mourut de douleur et de honte.
Antoine était l’esclave des femmes. Son fastueux amour pour la courtisane Cytheris avait indigné les Romains. L’âcre et violente Fulvie faisait trembler cet Hercule. Plus tard il se montra sensible à la chaste beauté d’Octavie. Il les aimait avec violence, et il les aimait en même temps avec esprit. Ce qui est infiniment plus rare. « Il avait, dit Plutarque, de la grâce et de la gaieté dans ses amours. » Voilà l’homme qui cita Cléopâtre devant son tribunal à Tarse. C’était lui l’Asiatique et l’Oriental. Sans être capable d’un grand dessein longuement suivi, il rêvait l’empire d’Orient, avec quelque immense ville barbare pour capitale.