jusqu’à l’Illyrie, et le petit renard, l’enfant rusé, Octave, ne possédait que l’Italie ruinée et consternée, et l’Espagne, la Gaule, la Sicile, l’Afrique en armes contre lui. Tant de javelots tournés contre un lâche ! Mais ce lâche était un ambitieux patient, c’est-à-dire la plus grande force du monde.
Marc-Antoine, dans la maturité de l’âge, était le premier soldat de l’empire, depuis la mort de César. Il avait, pour ses débuts, écrasé les Juifs révoltés. Il avait secondé le grand Jules en Gaule, dans la Haute-Italie, en Illyrie. Il commandait l’aile droite des césariens à Pharsale. Battu à Modène, il avait remporté la victoire décisive de Philippes. Bien qu’il n’eût ni la prudence ni la vue claire de César, César l’estimait comme son meilleur lieutenant. Seul et livré à lui-même, Antoine péchait par la méthode. Il n’en possédait pas moins certaines belles parties de l’homme de guerre. Il avait la grande psychologie militaire, la connaissance de l’âme du soldat. Il se faisait aimer, il se faisait suivre. Il était impétueux, entraînant, irrésistible. La confiance qu’il avait en lui-même, il l’inspirait à ses hommes.