de politique. Ce charme habilement dirigé lui assura Antoine après César. Mais, cette fois, elle se trouva l’associée d’un soldat condamné à posséder seul le monde, ou à n’avoir plus une pierre où poser sa tête.
La partie était grande et douteuse. Pour la bien jouer, il fallait du sang-froid. Marc-Antoine n’en avait jamais montré beaucoup. Elle lui ôta le peu qu’il en possédait ; elle le rendit tout à fait fou, elle devint aussi folle que lui et tous deux ils luttèrent pour l’empire et la vie dans les intervalles lucides que leur laissait cette démence que les Grecs ont bien connue, puisqu’ils l’ont décrite comme une maladie des sens et de l’âme, comparable au mal sacré par la violence des accès et la profondeur de la mélancolie.
Le premier tort d’Antoine et de Cléopâtre fut de mépriser leur ennemi ; cet adolescent malingre, bègue, poltron, cruel et plus froid, plus insensible quand il rasait sa première barbe, que les plus graves politiques blanchis dans les affaires. Il fallut combattre. Ce fut la guerre du renard et du lion. Le lion avait la part du lion, toutes les provinces de l’Orient