les pins et les térébinthes des jardins du Tibre. Elle était Grecque, mais elle était reine ; reine et, par là, hors de la mesure et de l’harmonie, hors de cette fortune médiocre qui fut toujours dans les vœux des Grecs et qui n’entra dans ceux des poètes latins que littérairement et par servile imitation. Elle était reine et reine orientale, c’est-à-dire un monstre elle en fut châtiée par cette Némésis des dieux que les Grecs mettaient au-dessus de Zeus lui-même, parce qu’elle est en effet le sentiment du réel et du possible, l’entente des nécessités de la vie humaine. Faite pour les arts secrets du désir et de l’amour, amante et reine, à la fois dans la nature et dans la monstruosité, c’était une Chloé qui n’était point bergère.
Que des mouvements d’une chair exquise, que du souffle d’une bouche charmante dépende le sort du monde, c’est cela qui n’est point grec, c’est cela que la Némésis des dieux ne permet point. La mort de la dernière Lagide expia le crime d’Alexandre le Macédonien, ce Grec à demi barbare, ce Grec démesuré qui, soldat ivre, ouvrit à l’hellénisme l’Orient lascif et cruel. Ce n’est point que cette délicate