pagne, le long des haies où la jeune femme apercevait toujours quelque fleurette à cueillir, le long des blés trop jeunes encore pour pouvoir prêter leurs gerbes et leurs rideaux à l’amour.
L’on arriva ainsi en devisant au bois, où Jeannette fut hissée sur un âne, à son grand amusement, et parcourut plusieurs allées, accompagnée de Jean et de l’ânier, frappant de conserve la croupe de maître Aliboron. La bête à longues oreilles ne s’en inquiétait pas autrement et happait, tout en trottinant, quelque brindille de feuillage ou quelque tige de chardon, d’où s’envolaient les papillons aussi empressés à courtiser la fleur épineuse que la rose dont on les peint si épris.
La conversation qu’ils eurent ensemble serait difficile à rapporter. Des phrases insignifiantes prennent beaucoup de valeur par l’éclair de l’œil, le tremblement de la voix, la rougeur des joues.
Jean et Jeannette s’aimaient déjà trop pour se le dire, et jouissaient, sans avoir le besoin d’exprimer ce qu’ils sentaient, du bonheur de se trouver ensemble, dans les champs, parmi les fleurs et la verdure, un beau jour de printemps.
Comme l’amour est une passion primitive, on la ressent peut-être avec plus de vivacité quand on se trouve au sein de la nature. Les conventions humaines et sociales s’oublient plus facilement lorsque rien de factice ne les rappelle, et telle vertu qui serait restée farouche à la ville s’humanise aux champs.
C’est pour cela que les poètes qui, sous leurs images cachent quelquefois des idées philosophiques, ont peuplé les montagnes, les vallées, les bois et les prairies, les fontaines, d’Oréades, de Dryades, de Napées, de Limniades de Naïades, de Pans, d’Ægypans, de Satyres et de Faunes, fort galants et fort amoureux, et n’ont rien imaginé de semblable pour les villes.
Mme de Champrosé, cependant, ne succomba point à