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ACTE SECOND

Le théâtre représente la terrasse du palais d’Achmet, ornée de vases, de plantes grasses, de tapis de Perse, etc. Au delà, vue du Caire à vol d’oiseau : multitude de plates-formes coupées de ruelles étroites, comme dans toutes les villes orientales. Çà et là, quelques touffes de caroubier, de palmier. Dômes, tours, coupoles, minarets. Dans le lointain, tout au fond, l’on aperçoit vaguement les trois grandes pyramides de Giseh et les sables du désert. À l’une des fenêtres du palais scintille un reflet de lumière ; il fait un clair de lune splendide.


SCÈNE PREMIÈRE

Les compagnes de la Péri voltigent autour du palais d’Achmet. Elles versent avec des urnes d’or la rosée de la nuit sur les fleurs desséchées par la chaleur du jour. La Péri les encourage du geste, et, s’approchant de la fenêtre lumineuse, elle semble épier les actions d’Achmet. — Sans doute, il pense à moi ! Que ne suis-je une simple mortelle, une esclave ! je pourrais m’unir à lui ! — Une des compagnes de la Péri s’approche et lui donne le conseil de renoncer à cet amour qui la perdra et fera tomber de son front son diadème étoilé. — Viens, oublie Achmet ; remonte avec nous dans le ciel, d’où tu n’aurais jamais dû descendre. — Non, je l’aime, et je resterai. Maintenant, pour moi le ciel est sur la terre. — Mais il ne t’aime pas, lui ; ce qui le séduit en toi, c’est l’éclat de ta couronne, ce sont tes ailes, ta puissance ! Deviens une femme comme les autres, belle, mais obscure, et il n’aura