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Albert, court à Giselle, et, croyant encore pouvoir nier son rang, cherche à la rassurer, à la calmer par les protestations de sa tendresse. « On la trompe, lui dit-il, il n’est pour elle que Loys, un simple paysan, son amant, son fiancé !!! »

La pauvre fille ne demande pas mieux que de le croire. Déjà même l’espoir semble lui revenir au cœur ; elle se laisse aller, heureuse et confiante, dans les bras du perfide Albert, lorsque Hilarion, poursuivant sa vengeance, et se rappelant l’ordre du prince à sa suite, de revenir au son du cor, saisit celui d’un des seigneurs, appendu à un arbre, et en sonne avec force… À ce signal, on voit accourir toute la chasse, et le prince sort de la chaumière de Berthe. Hilarion désigne, à la suite du prince, Albert aux genoux de Giselle, et chacun, en reconnaissant le jeune duc, l’accable de saluts et de respect. Giselle, en voyant le prince, ne peut plus douter de son malheur et du rang élevé de l’adorateur qu’elle croyait son égal.

SCÈNE XII

Le prince s’approche à son tour, reconnaît Albert, et, se découvrant aussitôt, lui demande l’explication de son étrange conduite et du costume qu’il porte.

Albert se relève, stupéfait et confondu de cette rencontre.

Giselle a tout vu ! Elle est sûre alors de la nouvelle trahison de celui qu’elle aime, sa douleur est sans bornes ; elle semble faire un effort sur elle-même et s’éloigne d’Albert avec un sentiment de crainte et de terreur. Puis, comme atterrée par ce nouveau coup qui la frappe, elle court vers la chaumière et tombe dans les bras de sa mère, qui sort en ce moment accompagnée de la jeune Bathilde.

Bathilde s’avance vivement vers Giselle, et l’interroge