Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/188

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais, pour que vous soyez pleinement convaincu,
Je vais vous disséquer…

Pierrot.
Je vais vous disséquer…Non, non !

Le Docteur.
Je vais vous disséquer… Non, non !Afin qu’on voie
La pléthore du cœur, l’engorgement du foie,
La dislocation des muscles cervicaux,
Et la congestion des lobes cérébraux.

Pierrot.
Je veux bien être mort, mais pas d’anatomie !

Le Docteur.
Comment expliquez-vous cette face blémie,
Ce nez cadavérique et cet œil sépulcral ?
Vous êtes un vrai spectre !

Pierrot.
Vous êtes un vrai spectre !Ah ! je me sens plus mal.

Le Docteur.
La strangulation pousse à l’apoplexie ;
Et de l’apoplexie à la catalepsie
Il n’est qu’un pas.

Pierrot.
Il n’est qu’un pas.Cessez ce discours inhumain.

Le Docteur.
De la catalepsie à la mort, le chemin
Est plus court. Ce chemin, vous l’avez fait, jeune homme.

Pierrot.
Grands dieux ! soutenez-moi, je tombe.

Le Docteur.
Grands dieux ! soutenez-moi, je tombe.Autre symptôme !
Les morts sentent mauvais… Vous ne sentez pas bon.

Pierrot. Il sent son bras.
C’est vrai, je m’empoisonne.