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UNE LARME DU DIABLE.

SCÈNE II

Le paradis du bon Dieu.

LE BON DIEU.

Le temps vient de faire encore un pas, c’est un jour de plus qui tombe dans mou éternité : la millième partie d’un grain de sable dans la mer !

VIRGO IMMACULATA.

Les petits enfants dorment dans leurs berceaux et les colombes dans leurs nids. Les jeunes filles récitent mes litanies et les cloches bourdonnent mon Angelus.

CHRISTUS.

Les moines sautent les versets du bréviaire pour arriver plus tôt à l’heure du souper. Tintinillus, dans cette seule journée, a rempli mille fois son sac des oraisons qu’ils écourtent, des syllabes qu’ils bredouillent et dos antiennes qu’ils passent.

LE BON DIEU.

Azraël et son compagnon ne sont pas venus me rendre leurs comptes et faire signer leurs livres; pourtant le souflle endormi des deux jeunes filles confiées à leur garde monte jusqu’au pied de mon trône comme un parfum et une harmonie. Ah! mes beaux anges, vous êtes des paresseux, et, si vous ne vous corrigez, je vous priverai de musique pendant deux ou trois mille ans.

VIRGO IMMACULATA,

Azraël fait de la tapisserie ; il brod ; un grand pavot rouge comme le sang qui sortit de vot e p’a'e le jour de la Passion, ô Jésus ! ò mon fils bien-aimé !