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diesse et une certaine grandeur épique dans ce morceau, où la difficulté de revêtir de lyrisme des détails modernes est très-heureusement surmontée. La charge des cuirassiers, au clair de lune, suivis de leurs ombres galopantes, comme si déjà les vivants qui vont mourir avaient leurs spectres derrière eux, rappelle, sans l’imiter, l’effet fantastique de la Revue nocturne de Zeidlitz, si merveilleusement illustrée par Raffet.

Sganarelle, improvisé médecin à coups de bâton, et joué par Got avec la verve la plus désopilante, a forcé de rire une salle qui peut-être n’en avait guère envie ; mais le comique de Molière est irrésistible.

Lorsqu’on sort, on est tout surpris de voir la lueur blanche du jour et les passants qui vont à leurs affaires. On chancelle quelques pas comme un oiseau de nuit qui va de l’ombre à la lumière.

Une autre représentation a suivi celle-là, avec un succès tel qu’on rendait l’argent au contrôle, et que si le directeur de la Comédie-Française ne nous eût offert une place dans celle loge de baignoire qu’on appelle le tombeau, tant elle est noire et profonde, nous eussions été forcé de continuer notre promenade sous les portiques du