Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui n’existe plus et ne se retrouve que dans ce petit cadre. Que d’aspects charmants ont ainsi disparu, depuis notre enfance !

Franchir les stations de Montrouge et de Vaugirard est pour la locomotive l’affaire de quelques minutes. Le convoi ne court plus au fond d’une chaussée ; le terrain s’abaisse en approchant la Seine, et les rails sont posés sur des remblais qui permettent à la vue de s’étendre au loin. On découvre les forts de Vanves et d’Issy, le val Fleury que le chemin de fer de Versailles (rive gauche) enjambe sur un viaduc à deux étages d’arcades, dont les baies laissent voir du ciel, des arbres et des pentes de collines ; le bois du bas Meudon blondissait, doré par les premières bises, mais d’une douceur de ton extrême et comme entrevu à travers une gaze d’argent.

Tout l’horizon, du reste, était noyé dans une clarté blanche où se perdaient les contours ; cependant il n’y avait pas de brouillard, mais plutôt une sorte de poudre lumineuse ; la nature ce jour-là semblait peinte avec la palette de Corot.

Comme pour rappeler au sentiment de la réalité l’âme que ce magnifique spectacle aurait portée à la rêverie, de fortes détonations, qui cette