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ral Totleben « remuer de la terre » est mis en pratique avec un zèle qui charmerait l’illustre défenseur de Sébastopol.

Du côté extérieur, au delà du rempart, on apercevait, dans une brume de poussière lumineuse, la silhouette du château de Bicêtre et le profil sévère du fort, qui tirait en ce moment et se couronnait de longs jets de fumée roussâtre traversée par le soleil. En jetant les yeux vers la ville, on découvrait les maigres peupliers qui indiquent le cours de la Bièvre, des terrains vagues, des enclos de planches, des pans de murs lépreux, des hangars de tannerie, des linges se balançant sur des cordes, de petits jardins avec quelques fleurs d’automne, dalhias et tournesols, piquant le paysage de point rouges et jaunes, des cultures de maraîchers étalant leurs carrés de choux, leurs plates-bandes de salade, leurs lignes de cloches diamantées par le soleil et leurs vitres de couches, lançant des éclairs subits.

Plus loin miroitaient les flaques d’eau de la Glacière, fréquentées autrefois des patineurs, dans un temps où le bois de Boulogne n’avait pas de lac. A l’horizon, le Val-de-Grâce arrondissait sa coupole un peu engoncée et bossue, comme