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montant et s’élève par une pente douce, il est vrai, mais quand on se retourne à l’endroit où le terrain reprend son niveau, l’on aperçoit en contre-bas, au delà de la Seine, dans un lointain bleuâtre, Saint-Mandé, le bois et le château de Vincennes, dont le donjon et la grosse tour d’entrée se distinguent parfaitement. On découvre aussi par-dessus le rempart, à travers une brume argentée et poudroyante de lumière, la silhouette du fort et du château de Bicêtre. Le fort en ce moment tirait sur quelque objectif invisible pour nous, et de gros nuages de fumée blanche s’arrondissaient à ses embrasures.

Un amiral ou un contre-amiral, nous ne répondons pas du grade, suivi d’un état-major de trois cavaliers, visitait les postes en coupé. Il monta sur la banquette du rempart, examina un instant l’horizon, parut satisfait et repartit.

Nous étions arrivé à l’avenue d’Italie, animée d’un grand mouvement de voitures, de charrettes, de fiacres, de piétons, de femmes portant des paquets, de flâneurs, de curieux, de marchands de liqueurs et de comestibles ; nous nous sentions un peu las, et nous nous dirigeâmes vers la station la plus voisine du chemin de fer