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poésies, le sentiment s’y trouve toujours. Devant le socle est un large registre ouvert, et les noms s’y ajoutent aux noms. Le peuple parisien s’inscrit chez la ville de Strasbourg. Le volume, relié magnifiquement et blasonné aux armes de la glorieuse cité, sera offert à la grande martyre qui se dévoue pour l’honneur et le salut de la France. Jamais ville n’aura eu dans ses archives un plus glorieux livre d’or.

Par un de ces mouvements d’exquise délicatesse qui parfois remuent les foules d’un frisson électrique, le peuple semble, en adoptant cette statue comme une image sacrée, comme une sorte de Palladium, et en lui rendant un culte perpétuel, vouloir dédommager la ville malheureuse, lui prouver son ardente sympathie et la soutenir, autant qu’il est en lui dans son héroïque résistance.

Que de fois, pendant ces courtes vacances que l’été fait au feuilletoniste, nous avons traversé Strasbourg en allant à Bade, à Wiesbaden, à Heidelberg, à Munich, à Stuttgart. Nous y faisions toujours un temps d’arrêt et nous allions rendre une visite à notre vieil ami le Münster. À chaque voyage nous le retrouvions élançant vers le ciel,