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ment investi par une patrouille de garde nationale. Notre jumelle nous avait rendu suspect ; on nous demanda, fort poliment du reste, nos papiers, et, sur l’exhibition d’un laissez-passer bien en règle, on nous rendit notre liberté de circulation. Un des gardes nationaux d’ailleurs nous avait reconnu et constata notre identité. Nous ne nous plaignons pas de cette vigilance. Les Prussiens désormais ne pourront plus nous surprendre.

La place Saint-Pierre-Montmartre offre une certaine déclivité et garde l’inclinaison du plateau sur lequel on l’a ouverte. De deux côtés elle est entourée de maisons dont quelques-unes portent sur leur mur d’attente ces annonces en lettres gigantesques si chères aux industriels. Le troisième côté est formé par l’escarpement même de la butte avec ses tons de marne, de terre glaise et d’ocre. Des sentinelles se promènent et se croisent sur les étroits sentiers qui zèbrent le flanc du monticule. A la crête de l’éminence on distingue une maison. Près de cette maison s’élève la tour de Solferino écimée d’un étage pour les nécessités du siége et surmontée maintenant d’un sémaphore. Au bas, dans un coin,