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On longe l’île des Cygnes, on dépasse le pont de Grenelle, et les rives du fleuve prennent un aspect plus champêtre. Les bouquets d’arbres y alternent avec les maisons. Les cheminées d’usines s’y élèvent plus fréquentes. Les restaurants, les guinguettes s’y montrent précédés de leurs petits jardins distribués en cabinets de verdure. De nombreuses flottilles de canots et de barques sont amarrées près du bord. On y distingue aussi deux ou trois chaloupes canonnières, qui impriment tout de suite de la gravité au paysage qui ne demanderait pas mieux que de sourire.

Enfin apparaît le viaduc du Point-du-Jour, avec ses élégantes superpositions d’arcades portant à leur sommet le chemin de fer de ceinture. C’est un ouvrage digne des Romains et qui rappelle le merveilleux pont du Gard. Rien de plus noble, de plus solide et de plus léger à la fois. L’air joue librement par les larges baies à travers lesquelles on découvre les coteaux de Meudon et de Sèvres, tous ces sites charmants, amour des peintres et des poëtes, qui nous sont interdits – pas pour longtemps. Nous ne vous dirons pas les formidables défenses qui hérissent le viaduc et ses abords ;