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de réception illuminé à giorno d’un bout de l’année à l’autre. C’est le pays concentré, sublimé à sa plus haute expression, une quintessence des forces nationales, ce que chaque province a produit de plus intelligent, de plus énergique, de plus parfait ; car c’est là que se rendent tous les courages, toutes les ambitions, tous les génies, au risque même de s’y brûler comme les phalènes aux lampes du phare. Une capitale n’est pas un être isolé ; dans les veines de Paris coule le sang de la France. Le phosphore de son cerveau est fait de la flamme de tous les esprits qu’il absorbe, esprits accourus du Nord et du Midi, de l’Ouest et de l’Est : car les Parisiens, les vrais Parisiens autochthones sont bien moins nombreux qu’on le pense. Son âme multiple se compose de toutes ces âmes fondues avec la sienne et représente beaucoup mieux le pays dans son ensemble que toutes ces originalités locales de départements ayant une saveur propre, un accent distinct. Il les accueille ces provinciaux ; il les dégrossit et les éduque, il les forme, il leur enseigne sa langue, et leur découvrant peu à peu ses secrets, il en fait des Parisiens accomplis que nul ne reconnaîtra pour être nés à Carcassonne ou à Landerneau. L’autre