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plus exquises, les chefs-d’œuvre auxquels ils devaient leur gloire. Chaque nation s’était efforcée de dire son dernier mot. Les promenades, sous les hautes nefs de cette cathédrale du travail, étaient des suites d’émerveillements ; on se sentait fier d’être homme en contemplant ces prodiges. Si élevée était la voûte, qu’il fallait une machine pour y monter et que le toit, avec ses arcades rouges trouées d’azur, vous causait la sensation d’immensité du Colisée de Rome.

Autour du monstrueux édifice s’éparpillaient en des jardins charmants, sortis de terre comme des décors féeriques au coup de sifflet du machiniste, des temples égyptiens avec leur pylône chamarré d’hiéroglyphes, des mosquées, des okkels, des conacks, des palais pareils à ceux des Mille et une nuits du plus pur style arabe, des chalets suisses, des isbas russes, des cabanes de pêcheurs norvégiens, des pagodes chinoises, des pavillons japonais, des boutiques à débiter des bibles protestantes, tout jusqu’à un fac-simile des catacombes de Rome. Nous ne parlons ni des brasseries où Vienne et Munich versaient leur bière intarissable, ni des cafés algériens avec leur musique