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angles droits ou formant des courbes, elles-mêmes disposées de façon à égarer les pas du promeneur, eût-il en main le peloton de fil de l’Amour.

À chaque détour, on rencontrait une fontaine en rocaille fine, où l’on avait représenté au naturel une fable d’Ésope, dont le sujet était marqué par une inscription de quatre vers gravés en lettres d’or sur une lame de bronze peinte en noir. Ces vers étaient de feu Benserade : on les a recueillis, et, en vérité, ils ne valent pas grand’-chose. Il n’était du reste pas aisé de condenser une fable d’Ésope dans un quatrain.

Dès l’entrée, on apercevait le duc et les oiseaux. Un demi-dôme de treillage et d’architecture formait le fond de la fontaine et servait de perchoir à une infinité d’oiseaux : perroquets, geais, pies, merles, colombes, linottes, mésanges, bouvreuils, qui tous crachaient de l’eau par le bec sur le duc assis sur une pierre au milieu d’un bassin de rocailles, entouré de grands oiseaux aquatiques : cygnes, grues, hérons, lançant aussi de l’eau. C’était, il faut l’avouer, un joli motif de fontaine, et ces volatiles, peints des plus vives couleurs, devaient produire un bon effet à travers ces treillages, ces verdures et cette pluie