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porte une urne d’où s’échappe un flot de marbre. Son pied pose sur un dauphin dont la queue fourchue « se recourbe en replis tortueux » et donne de l’assiette à la figure. Ce marbre est traité avec une souplesse, on pourrait dire une fluidité tout à fait propre au sujet. C’est bien de l’eau condensée dans la forme d’une femme.

La statue de Legros respire un sentiment tout moderne, et surprend parmi ses sœurs placides, dont la beauté se contient au majestueux et pourrait monter dans les carrosses du roi.

À partir de ce bassin, le terrain s’abaisse entre le mur de l’Orangerie, dont l’angle est marqué par une copie de la Cléopâtre antique portant des traces de cette oxydation, qui prête des teintes de chair aux « trois marches de marbre rose, » et un massif d’arbres magnifiques taillés en palissade jusqu’à mi-hauteur et recourbés en dôme vers la cime. Cette allée, une des plus belles du jardin, à notre gré, par ce mélange d’architecture et de feuillage, descend d’une pente assez rapide et vous mène à la porte de l’Orangerie, d’ordre rustique d’un style noble et grave et digne du palais.