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bles charmilles qui cachaient le pied des arbres et ressemblaient aux coulisses d’une décoration. Trois rangées de jets d’eau s’étageaient par files sur les gradins d’une cascatelle venant du fond de l’allée vers le spectateur. Au bout de ces allées, il y avait de petits groupes qu’on ne devait guère apercevoir à travers le jaillissement et la bruine des eaux. Au milieu, c’était Jupiter chevauchant un aigle, les serres contractées, sur le globe céleste, de Legros ; à droite, Mars, jeune, tenant un bouclier et posé sur un lion terrassant un loup, de Desjardins ; et enfin, à gauche, un Plutus, dieu des richesses, ayant pour monture Cerbère, le chien infernal, œuvre de Masson.

Ce théâtre possédait six décorations d’eau de l’invention du sieur Vigarani, fort expert en ces merveilles hydrauliques, qui excitaient alors, par leur nouveauté, une admiration presque enfantine, c’est-à-dire qu’au moyen d’ajutages différents et de clefs tournées dans un autre sens, les jets prenaient des formes et des directions inattendues, figurant des pièces comme aux feux d’artifice, à la grande joie des spectateurs assis sur les bancs de gazon de l’hémicycle.

Ces décorations s’appelaient : les nappes, les