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Thétis, transparente allusion au Roi se reposant des travaux du jour. Ce groupe charmant n’est pas tout entier, comme on le croit communément, dû au ciseau de Girardon. Girardon n’a fait que l’Apollon et les trois nymphes placées sur le devant du groupe. Les trois autres nymphes du second plan sont de Regnaudin. Un riche baldaquin de bronze doré le surmontait et l’abritait tout en permettant, par la légèreté de ses hampes, d’apprécier les profils et les détails de la sculpture. Les coursiers du soleil dételés et pansés par des tritons, recouverts de baldaquins semblables, formaient deux groupes placés en symétrie de chaque côté du sujet central. Les chevaux de droite sont de Guérin, et ceux de gauche, bien supérieurs, de Marsy.

Ce bosquet présentait donc l’aspect solennel, régulier et fastueux qui est le style propre du temps. L’art ne cherchait pas alors à se cacher derrière la nature, il se montrait au grand jour et s’affirmait hardiment, comme on dit dans le jargon du dix-neuvième siècle ; on aimait ces belles ordonnances où la volonté humaine ne laisse au hasard et au caprice de la végétation qu’une place sévèrement délimitée.