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ferme aujourd’hui et qui ne parviennent pas à faire encombrement dans ses larges avenues, il serait peut-être curieux de remettre le château en son état primitif et de montrer sa façade comme elle se présentait au courtisan venant de Paris vers 1710. Les architectes font souvent pour s’exercer de ces restitutions de monuments plus ou moins détruits et quelquefois tout à fait disparus. Ici, il n’y a pas besoin d’un tel effort d’imagination. Le monument subsiste, et l’on sait l’histoire des modifications qu’il a subies, modifications qui, au reste, n’en altèrent pas la physionomie d’une façon essentielle. C’est un besoin, à ce qu’il parait invincible, pour les générations qui s’installent dans un édifice caractérisant une époque, de le remanier à leur goût et d’y laisser leur empreinte souvent fâcheuse.

Commençons par la grille qui sépare la place d’Armes de la cour du château ; elle est restée telle qu’autrefois avec ses deux groupes de pierre flanquant la porte et représentant la victoire de la France sur l’Empire et de la France sur l’Espagne. Mais du temps de Louis XIV, une seconde grille divisait en deux cours cet énorme espace. Cette grille partait de l’angle des pavillons