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du poëte nous dire, avec son timbre connu et sa grâce négligente :

Mais vous souvient-il, mon ami,
De ces marches de marbre rose ?
En allant à la pièce d’eau,
Du côté de l’orangerie,
A gauche, en sortant du château.

Nous étions sur la bonne voie. La copie de la Cléopâtre antique dont la répétition en bronze est aux Tuileries, dormait toujours, à la même place, le bras replié au-dessus de la tête, dans cette tranquille et gracieuse pose où la mort ressemble au sommeil, et sur la balustrade de la terrasse s’alignaient comme autrefois, ces charmants vases de bronze d’un caprice si varié sous leur apparente symétrie, avec leurs anses faites de chimères, de satyres et de petits génies ailés. Les marches n’étaient pas loin ; elles se trouvent près d’un vase blanc « proprement fait et fort galant » auquel de Musset reconnaît le mérite de n’être pas gothique. Il a, en effet, un très-beau galbe et ses flancs s’évasent comme la coupe d’un grand lis. A son ombre s’abritent les trois marches célébrées par le poëte avec leurs tons de rose pâlie, leurs transparences azurées, d’un marbre si frais,