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L’abandon, la solitude, les végétations pariétaires lui ont prêté un air naturel que contrarient un peu, il est vrai, les groupes de marbre placés dans les grottes pratiquées au ciseau. Mais ce rappel de l’art n’est pas désagréable au milieu de celle nature composée. Sous cette voûte que soutiennent de lourds piliers à peine dégrossis se détache d’un fond obscur, le Roi-Soleil, le jeune Apollon de Versailles, ayant accompli sa carrière lumineuse et venant se reposer dans le sein de Thétis. Les Néréides s’empressent autour de lui ; l’une, agenouillée, lui délace ses cothurnes, l’autre lui présente une buire de parfums, une troisième le débarrasse d’une partie de ses vêtements, et si la quatrième ne lui présente pas la chemise, c’est que les dieux grecs n’en avaient pas. Ce petit coucher mythologique est fort galant, et Girardon y a mis sa grâce toute française. Les deux cavernes, où des Tritons remisent les chevaux du Soleil, accompagnent bien la grotte centrale, et ces trois taches blanches dans le rocher sombre sont d’un effet heureux.

Il faisait ce jour-là un de ces ciels fouettés de blanc et de bleu, qui versait la lumière avec de