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on arrive à cette pelouse qui montait du château à la lanterne de Diogène, dont il ne reste rien, par une pente douce, entre deux grands massifs de verdure, et l’on aperçoit avec stupeur le squelette brûlé d’un monument à peine reconnaissable. Les embrasures des fenêtres, noircies par le passage des flammes, laissent voir le bleu ou le gris du ciel ; tout l’intérieur s’est effondré. On devine à peine, sur la façade, les grandes divisions de l’architecture. Seules, deux statues de bronze vert sont restées sur leurs piédestaux, en avant du péristyle, comme deux sentinelles consciencieuses qu’on a oublié de relever. L’une représente l’Aurore debout sur un petit char et jetant des fleurs ; l’autre, un Hercule bonasse écrasant avec une massue qui ressemble à une bûche, les têtes renaissantes de l’hydre. Les cous décapités sont percés de petits trous d’où jaillissaient des filets d’eau, montrant que l’Hercule a autrefois figuré dans quelque bassin mythologique.

La ruine est complète, et il n’y a pas, pour l’édifice, de restauration possible. Ce que les obus ont commencé, l’incendie l’a achevé. On pénètre dans le palais par le vestibule ouvert à tous les vents, obstrué de décombres, de poutres carbo-