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sur l’épaule avec la même grâce que le balai dont, il n’y a pas longtemps, ils nettoyaient nos rues. Notre œil fut bien forcé de recevoir cette silhouette odieuse que nous voudrions effacer comme une épreuve photographique mal venue, et nous passâmes outre avec un mouvement de rage sourde et de haine malheureusement impuissante, que nos lecteurs comprendront.

D’autres soudards occupaient le corps de garde à l’entrée du parc, dont une grille latérale était ouverte. Une solitude morne y régnait, et l’on n’y entendait que le bruit de la cognée équarissant les arbres abattus. Rien de plus sinistre que la tristesse des lieux peuplés par des souvenirs de splendeur et de fête. On y sent tomber goutte à goutte, sur son cœur, les larmes des choses, car la nature pleure. Sunt lacrymæ rerum, a dit Virgile avec une mélancolique profondeur d’expression.

Cependant, cette partie du parc n’est pas aussi dénudée qu’on pourrait le croire. Des éclaircies ont été pratiquées pour dégager la vue et faciliter le tir des batteries placées plus haut sur le revers de la colline. Mais l’aspect général n’est pas trop changé, et le printemps qui vient, avec ses vertes