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prés une idée de ce que voulait faire Regnault.

Au centre du tableau, par les portes de cèdre entrebâillées, comme une idole au fond de son temple, on entrevoyait dans une pénombre transparente le calife, l’Emir-el-Mumenim recevant ces tributs et ces hommages, impassible et n’ayant pas l’air de s’en apercevoir.

Cette figure mystérieuse qui devait donner de l’unité au tableau en ramenant à elle tout ce déploiement de luxe et de faste, nous faisait penser lorsque Clairin nous la décrivait d’après les indications de Regnault, à l’attitude surhumainement détachée du sultan Abd-ul-Medjid pendant la cérémonie du Courban-Beiram lorsque les dignitaires de la cour venaient baiser le bout de sa ceinture attachée à l’un des bras du trône.

Ce merveilleux rêve, hélas ! ne sera jamais réalisé ; mais en fermant les paupières il nous semble le voir, par l’œil intérieur du poëte, briller largement encadré d’or sur la paroi du grand salon à l’Exposition prochaine.