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surer de leur plus ou moins d’embonpoint. Elles étaient devenue une proie, un gibier ardemment poursuivi. Les chats, plus spirituels et plus défiants que les chiens, comprirent les premiers, et mirent la plus grande prudence dans leurs relations. Ce ne fut qu’avec des amis bien sûrs de la race féline qu’ils se hasardèrent à filer leur rouet et à prendre leur place habituelle sur les genoux ; mais au moindre geste un peu vif, ils se réfugiaient sur les toits et dans les caves les plus inaccessibles. Les caniches, s’étant à la fin doutés de la chose, s’enfuirent quand on les appelait comme le chien de Jean de Nivelle, ce qui n’empêcha pas le nœud coulant, le sac et l’assommoir de faire de nombreuses victimes. Des boucheries canines et félines, où se débitaient aussi des rats, arborèrent hardiment leur enseigne, ne trompant pas sur la qualité de la marchandise ; les clients y affluaient.

La petite réunion matinale qui avait lieu devant notre porte diminua de jour en jour, et il ne resta bientôt plus que le terrier rêvant, sur le seuil de la boutique de son maître, à la disparition mystérieuse de ses amis. Il se tenait, d’ailleurs, sur ses gardes, flairant le péril et mon-