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sensibles. Quelques bonnes dames réclamèrent aussi pour les chats, qui ont bien leur mérite, malgré les calomnies que des malveillants font courir sur leur compte.

En rentrant le soir, nous rencontrions souvent des chiens vagabonds, qui erraient comme des ombres le long des murailles obscures, d’un pas nonchalant comme font les chiens lorsqu’ils ne vont nulle part. Quand nous passions sous la lueur tremblotante d’une lanterne au pétrole, nous trouvant sans doute l’air suffisamment débonnaire, ils se mettaient à nous suivre à une distance respectueuse, suffisante pour se mettre à l’abri d’un coup de pied ou de canne, si par hasard le promeneur était un mortel de trop farouche approche ; mais les chiens s’y trompent peu, étant de nature meilleurs physionomistes que Lavater.

Rien de plus touchant qu’une de ces pauvres bêtes perdues, harassées de recherches vaines dans le dédale d’une ville inconnue, qui tâchent de se rattacher à un maître et de se créer un patron nouveau. Elles vous accompagnent pendant les plus longues courses, jappant à vos côtés d’un ton de voix plaintif, vous regardant d’un air ten-