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Étéocle parti, le chœur peu rassuré dépeint par anticipation le sort d’une ville prise d’assaut : « Partout la violence, le carnage, l’incendie ; partout des tourbillons de fumée obscurcissant le jour. Mars, furieux, souffle la destruction. Rien n’est sacré pour sa main cruelle. La ville résonne d’affreux rugissements : un mur hérissé, impénétrable enveloppe les vaincus. Le guerrier tombe égorgé par le fer du guerrier. On entend retentir le vagissement des enfants nouveau-nés massacrés sur la mamelle sanglante. Puis c’est le pillage, compagnon du meurtre. Les soldats se heurtent dans les rues, pliant sous le faix. Ceux qui n’ont rien encore s’excitent l’un l’autre. Chacun veut sa part de butin, nul ne prétend rien céder. Tous brûlent d’avoir la portion la plus grande. Ce qui se passe alors, comment le peindre ? Des fruits de toute espèce jonchent le sol, affligeant spectacle ! et l’œil des ménagères se remplit de cuisantes larmes. Confondus au hasard, tout les dons de la terre roulent entraînés dans la fange des ruisseaux. De jeunes filles, qui n’ont jamais connu la souffrance, iront, esclaves infortunées, obéissantes, partager la couche d’un soldat heureux, d’un ennemi triomphant. Pour