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sale comme ces statuettes suppliantes que portaient les dieux.

Chose étonnante, cette tragédie sublime est en même temps vivante, familière, actuelle pour ainsi dire ; ce siége de Thèbes nous ramenait au siége de Paris, que nous aurions voulu oublier un instant : l’humanité est toujours la même. Les Sept contre Thèbes parurent au théâtre sous l’archontat de Théagénidès dans la LXXXVIIe olympiade, c’est-à-dire 468 ans avant Jésus-Christ, et l’on croirait la pièce écrite d’hier, si jamais des modernes pouvaient atteindre à une telle beauté et à une telle puissance.

Un chœur de femmes personnifie le peuple de Thèbes, Etéocle la défense, et un éclaireur représente l’armée assiégeante par des rapports d’une poésie incomparable qui sonnent comme des appels de clairons et dont les mots semblent secouer des panaches, pour nous servir de l’expression d’Aristophane.

La pièce s’ouvre par un discours d’Étéocle, qui comprend toute la responsabilité qui pèse sur lui et se montre aussi grand tacticien que habile politique. Il envoie aux remparts les hommes que l’âge a mûris déjà et aux portes ceux dont la