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de son granit, coupait de sa ligne précise la porte de l’arc de triomphe lointain ; l’obélisque complétait le pylône. Les arbres formant l’entrée des Champs-Élysées, dépouillés de feuilles, avec leurs branches délicates d’un gris rosâtre, ressemblaient aux arborisations d’une agate et marquaient les limites de la place par un travail de hachures entre-croisées de points de lumière.

Vers la droite, les charmantes façades du Garde-Meuble et du ministère de la marine, chef-d’oeuvre de Gabriel, où la beauté antique s’unit si heureusement à la grâce française, présentaient leurs portiques de sveltes colonnes corinthiennes détachées du fond par de légères ombres, leur couronnement de balustres entrecoupés d’acrotères et de trophées sur lequel flottait le drapeau à croix rouge.

Au premier plan, de chaque côté de la porte des Tuileries, piaffaient, au sommet de leurs piédestaux, les chevaux de Marly de pure race divine, descendant au moins de Pégase, à moins qu’ils ne sortent des écuries du Soleil, pleins d’ardeur et de feu, soufflant la lumière par les naseaux, et dont les sabots de marbre n’ont jamais foulé que le ciel.