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un carnet, le poëte, ou si ce mot est trop ambitieux, l’écrivain, lorsqu’il laisse errer sa flânerie le long des rues et à travers les places, a des méthodes à lui d’arrêter le contour des choses, et, s’il craint que le trait trop léger ne s’efface, de le repasser à l’encre. Il a ainsi au fond de sa mémoire, comme en un portefeuille, une foule de dessins, inachevés la plupart, mais contenant l’indication nécessaire pour être terminés à loisir, s’il en a le besoin ou le caprice. Ce sont des physionomies observées en passant, des groupes entrevus, un détail singulier, une perspective ouverte soudainement, un petit fait inaperçu de la foule, mais frappant pour le rêveur.

Il n’y a pas dans tout cela de sujet défini, de composition s’arrangeant en tableau et facile à encadrer, et pourtant on admire parmi ces esquisses plus d’une figure heureuse, plus d’une expression naïve, plus d’une familiarité vivante, qui manquent aux ouvrages préparés en vue du public. C’est la différence d’une lettre intime écrite au courant de la plume à une épître longtemps travaillée. Mais où voulez-vous en venir avec ces prolégomènes? Avez-vous l’intention de donner un pendant au traité de Töpffer sur le