Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bonheur. Il nous semblait qu’on devait être heureux dans ce palazzino, abrité derrière un rideau de lierre d’Irlande. Nous en admirions, à travers un interstice du feuillage, les colonnes de pierre blanche, le perron poncé, l’heureux mélange de briques coloriées, le balcon débordant de fleurs, les stores toujours baissés discrètement et semés de quelques oiseaux peints. La maison était encore là, mais son expression n’était plus la même, elle avait l’air ennuyé et triste.

Il nous fallut quitter l’avenue Maillot obstruée de barricades d’autant plus fortes qu’on se rapprochait davantage de l’avenue de Madrid, et nous gagnâmes la rue de Longchamp par des voies latérales presque désertes où allaient et venaient des moblots, des artilleurs faisant cuire leur pitance avec des broussailles et des morceaux de bois recueillis dans les terrains vagues.

Quelques abois de chiens inquiets et surpris de notre passage troublaient seuls le silence. De temps à autre détonnait un coup de fusil adressé à un moineau – et au loin l’on entendait le roulement d’une école de tambour.

Enfin nous arrivâmes devant notre maison, ne