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EXPOSITION DE TABLEAUX MODERNES. 211

Tony, qui ne lui a pas survécu longtemps, la part de gloire qu’il avait gagnée dans un commun travail. Ces deux charmants artistes ont renouvelé en France l’illustration du livre. En ce temps-là, il n’y avait pas de bon roman sans une vignette de l’un ou de l’autre des deux frères ; ils avaient, indivise, la clientèle de l’école littéraire romantique, et ils savaient admirablement, en quelques coups de crayon, traduire le type rêvé par le poète et représenter d’une façon dramatique la scène la plus importante de l’ouvrage. Ils ont aussi commenté Walter Scott, Chateaubriand, les premiers livres de Hugo et de Balzac, les plus illustres et les meilleurs, s’associant au génie et au talent sans jamais faire regretter la page qu’ils couvraient. Alfred Johannot penchait plus vers la peinture que son frère. Il a fait des tableaux et des aquarelles dont l’Exposition au boulevard des Italiens offre des spécimens excellents : Henri II, roi de France, Catherine de Médicis et leurs enfants et une scène du roman de Richardson si exaltée par Diderot, la Mort de Clarisse Harlowe, où se retrouve toute la fidélité au texte de l’illustrateur émérite. Nous avons revu avec plaisir ces reliques d’un talent qui charma nos jeunes années.

Il faudrait plus d’un article pour décrire les deux albums contenant quatre cent quatre-vingt-onze dessins de Charlet, destinés à l’illustration du Mémorial de Sainte-Hélène. C’était là une tache tout à fait